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11-05-2018

« Quand je peins, je suis dans ma bulle »

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Depuis plus d’un an, Anne Landelle fait partie des bénéficiaires d’ALOÏS. Au milieu de ses tableaux, elle nous partage le bien-être que lui procurent la peinture et le chant.

« Ma vie a basculé à 41 ans, quand j’ai eu un accident de voiture. Ma moelle épinière a été compressée et je suis devenue tétraplégique incomplète. Je peux bouger les bras mais j’ai perdu l’usage de mes doigts qui sont bloqués. » Nous sommes chez Anne Landelle, l’une de nos bénéficiaires depuis plus d’un an. Pendant le temps que durera notre rencontre, Loulou, un lori d’Australie aux couleurs bariolées, fera régulièrement des petits cris en guise de commentaires.
Aux murs, des tableaux de danseuses, de jardins en fleurs, de portes vers un ailleurs : le monde intérieur d’Anne Landelle qui peint avec une grande précision malgré ses doigts repliés sur eux-mêmes. « Avant mon accident je dessinais déjà. Je travaillais aussi le verre, mais ça n’était vraiment plus possible avec mes mains. » Pour tenir ses pinceaux, l’artiste s’est confectionné une attelle avec le protège poignet de son fils skateur. « J’ai retiré les plaques en métal pour faire office de fourreau. Ça c’est du MacGyver ! » s’amuse Anne. Un ami a transformé son chevalet pour qu’elle puisse y glisser son fauteuil. « Au début, mes tableaux étaient très approximatifs. Et puis avec le temps j’ai appris à manier le pinceau et j’ai gagné en précision. Je dessine beaucoup de danseuses en mouvement, surement pour compenser le fait que je ne peux plus me déplacer comme je veux. »

LA PEINTURE ET LE CHANT POUR S’ÉVADER
Avec ses tableaux, Anne s’évade et exprime les émotions qui la traversent. Là un danseur qui brise les murs qui enferment les gens dans des préjugés. Ici un cœur entre deux mains suite aux attentats qui ont frappé Paris. « En ce moment je me sens très touchée par les bombardements sur les femmes et les enfants en Syrie. Je vais surement peindre autour de ce thème. » En plus de la peinture, Anne Landelle, suit des cours de chants à son domicile avec une chanteuse lyrique. « J’en avais très envie depuis plusieurs années. Elle m’enseigne des techniques de respiration spécifiques quand on est en fauteuil. C’est une forme de kiné. Et surtout le chant, tout comme la musique, m’apportent une profonde détente. Des ateliers d’expression artistique devraient être proposés dans les centres de rééducation, c’est vital quand on est en fauteuil ! »
ALOÏS intervient quelques heures par jour chez Anne Landelle pour le lever, le déjeuner et en toute fin d’après-midi. « Je suis une solitaire et l’équipe des Opérations l’a très bien compris, sourit Anne. Elles sont toutes très à l’écoute et les auxiliaires d’ALOÏS reçoivent une très bonne formation. C’est un métier très engageant et important pour nous qui sommes en fauteuil. Les auxiliaires font partie de notre vie jusqu’à notre intimité. C’est un engagement fort. »

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